Les gaz de schiste, ce n’est pas fini !
Les gaz de schiste, ce n’est pas fini !
Affirmer que « plus personne ne détient aujourd’hui d’autorisation en France pour faire de la prospection de gaz de schiste, et encore moins pour en faire l’exploitation »…c’est jouer sur les mots. Certes cette appellation de "gaz de schiste" n’est pas scientifiquement la plus appropriée, mais c’est celle qui a été retenue par la population et les média. Alors que désigne-t-elle en fait ?
Les "gaz de schiste" (il vaudrait mieux dire les hydrocarbures non conventionnels) sont des gaz naturels et des pétroles de même origine et de même composition que ceux que nous utilisons dans nos gazinières et nos automobiles. La différence vient de l’endroit où l’on peut les trouver : au lieu de migrer vers le haut et se rassembler en nappes dans des roches poreuses et perméables, d’où il est facile de les extraire par pompage à partir d’un forage vertical comme les hydrocarbures "conventionnels", ils sont resté piégés plus profond, dispersés en gouttelettes dans des roches peu poreuses et peu perméables. Les en extraire nécessite de briser ces roches pour y crées des fissures artificielles dans lesquelles le gaz(ou le pétrole) pourra se rassembler et circuler pour y être pompé.
La seule technique actuellement opérationnelle est la fracturation hydraulique. On réalise un forage vertical de 3 ou 4 000 de mètres de profondeur, complété par des forages horizontaux (qui peuvent atteindre 2000 m. de long) et on fissure la roche à l’aide d’eau (10 à 20 000 m3 par extraction) sous très haute pression (700 à 1000 fois la pression atmosphérique) mélangée à du sable et un cocktail de produits chimiques, la plupart cancérigènes ou toxiques pour les systèmes nerveux, immunitaire, rénal ou cardiovasculaire. Ensuite on pompe le mélange gaz (ou pétrole) et eau. Une partie de l’eau, polluée par les additifs chimiques et les hydrocarbures, reste dans le sous-sol, l’autre est relâchée dans la nature après séparation d’avec l’hydrocarbure convoité.Les conséquences environnementales de la méthode sont nombreuses : consommation excessive d’eau qu’on retrouve polluée dans le sous-sol et en surface (sans savoir comment la traiter), pollution des nappes phréatiques par les remontées de polluants (gaz, métaux lourds, éléments radioactifs) le long des fissures et des forages, pollution de l’air par les gaz et l’évaporation des additifs volatils, augmentation des risques sismiques, paysage défiguré…
Mais on nous dit que la fracturation hydraulique est interdite en France, et c’est vrai après la loi du 13 juillet 2011 : alors pourquoi s’inquiéter ? Parce que le Ministère de l’Industrie, qui selon le Code Minier est autorisé à donner seul, sans aucune consultation locale ou étude d’impact, les permis de recherche ou d’exploitation n’a annulé que 3 des 64 permis préexistants. Les autres concernent « la recherche de mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux » sans aucune précision ou restriction sur les roches réservoirs concernées et nous avons que les pétroliers reviennent sur les zones où ils ont déjà foré dans le passé et constaté qu’elles ne recélaient pas d’hydrocarbures conventionnels. Donc ce qu’ils cherchent se sont forcément des gaz ou pétroles "de schiste" (ou non conventionnels), et que pour les extraire il faudra fracturer la roche, ce que la loi autorise quand même à titre « d’expérimentation scientifique ».
En Haute Savoie un permis de recherche a été donné en 2009, et pour 5 ans, à un groupement de sociétés anglo-saxonnes, dit Permis de Gex. Il couvre 932 km2 à cheval sur l’Ain, la Haute Savoie et le Jura. Deux autres permis, dits Gex Sud et Lyon-Annecy sont en cours d’instruction…Les titulaires du Permis de Gex, ont indiqué dans un rapport du 13 septembre 2011 qu’ils recherchaient plutôt du pétrole dans« des réservoirs caractérisés par leur faible porosité et perméabilité » mais qu’ils n’utiliseraient pas « de technique prohibée par les lois françaises ». Peut-être espèrent-ils que les efforts du lobby pétrolier pour contourner la loi, comme en témoigne le colloque sur les énergies prévu le 17 janvier 2012 à Paris, sous le patronage de MM. Fillon et Besson, où sera débattue la question : « La France peut-elle se passer d’une ressource, les hydrocarbures de schiste ? L’interdiction française : comment en sortir ? ». Ou trouver d’ici 2012-2013 pour le forage qu’ils envisagent de faire, sans doute quelque part entre Salève et Vuache, une nouvelle technique de "fracturation" qui ne soit plus "hydraulique", mais restera tout aussi néfaste pour l’environnement ?
Face à une loi hypocrite, qui interdit la technique sans interdire ce à quoi elle sert, et aux pressions économiques à courte vue, seule une mobilisation des citoyens et des élus locaux peut empêcher le désastre que constituerait une exploitation pétrolière dans une région fragile hydrologiquement et sismiquement, et dont l’attrait touristique est l’un des meilleurs atouts. Le Collectif "Non au Gaz de Schiste Haute Savoie", créé en septembre 2011 et qui regroupe déjà plus de 25 associations et 500 membres individuels, s’est donné pour mission d’informer les citoyens et les élus et de veiller pour empêcher toute exploitation de "gaz de schiste", que ce soit ici ou ailleurs.
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